Carte Blanche à la Cie Le Talon Rouge au Musée du Bagage à Haguenau

Cette dualité s'est poursuivie dans la cale d'un navire, au milieu de passagers en exil fuyant l'ombre pourpre du communisme. Des âmes perdues en pleine mer, dans l'antre d'un navire où le paradis et l'enfer s'étaient entrelacés. La dualité était portée par un Nocturne de Chopin qui résonnait comme une note d'espoir au milieu de la désolation.

A travers des extraits de RU et EM, des oeuvre de Kim Thuy, Catherine Javaloyès a incarné l'exil de l'autrice en quête de rêve américain. Les couleurs clinquantes et les artifices de ce nouvel univers l'avaient éloignée de l'essence fragile et authentique de son héritage. Pourtant, c'est par la mémoire gustative que le souvenir revint. La cuisine incarnant un véritable vecteur d'émotions dans la culture vietnamienne.

Catherine Javaloyès et Salomé Michel ont ainsi tissé, entre mots et silences, une fresque où l'exil se mesurait autant en absence qu'en résurgence. Dans l'air flottait un parfum empreint de souvenirs, mais aussi de vie et d'espoir. Le Vietnam demeure une terre de contrastes et de saveurs, où la douleur se mêle à la beauté, où l'histoire s'inscrit jusque dans les effluves de riz au jasmin.

Alors que s'approche le cinquantième anniversaire de la chute de Saïgon, cette lecture a ravivé la mémoire, qui ravivera le souvenir que tous les vietnamiens sont les descendants d'une histoire d'amour entre une femme, de la race immortelle des fées, et un homme du sang des dragons.